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Promotion 2025/2026

L’Europe dans le monde – retour sur notre 2ème session de l’année

Le 14 novembre dernier, la promotion 2025-26 de l’Académie Notre Europe s’est réunie à l’Europa Experience de Paris pour sa deuxième session consacrée à l’Europe dans le monde. Comme le disait Jacques Delors — « Pour comprendre l’Europe aujourd’hui, il faut d’abord partir du monde » !

Un thème d’autant plus d’actualité que le retour de Donald Trump a jeté un froid sur les relations transatlantiques, que le dernier sommet UE-Chine a confirmé un statu quo empreint d’ambivalence, que la guerre en Ukraine  fait toujours rage plus de 3 ans après l’invasion russe, et que les controverses autour de l’accord avec le Mercosur restent fortes dans certains pays de l’UE (dont la France).

Retour sur une session passionnante

La journée a débuté par un café-actualité au cours duquel Elvire Fabry, chercheuse senior à l’Institut Jacques Delors, a présenté aux participants de l’Académie Notre Europe son analyse des accords de Turnberry et UE–MERCOSUR. Elle a rappelé combien l’approche résolument transactionnelle instaurée par Donald Trump a profondément reconfiguré les relations transatlantiques. Madame Fabry est également revenue sur les critiques adressées à l’Union européenne, accusée d’avoir cédé trop de terrain à Washington pour parvenir à un accord à Turnberry. Dans ce contexte, elle a souligné l’importance stratégique potentielle de l’accord UE–MERCOSUR, qui pourrait contribuer à redynamiser certains secteurs industriels européens tout en préservant les secteurs sensibles grâce aux clauses de sauvegarde négociées.

L’intervention en visioconférence de Gilles Yabi, fondateur et directeur du think tank WATHI, a offert une mise en perspective lucide des divergences de perception entre Africains et Européens. En soulignant l’importance des héritages historiques et des trajectoires politiques interrompues par la colonisation, il a rappelé que l’absence de reconnaissance de ces réalités alimente encore aujourd’hui des ressentiments durables. Tout en invitant à dépasser ces blocages, il a mis en avant les intérêts communs qui devraient structurer une coopération renouvelée, notamment la défense du multilatéralisme et la réponse aux défis climatiques, pour lesquels il a insisté sur l’urgence d’une justice accrue et d’un financement adapté aux besoins de l’Afrique. Un exposé clair et stimulant, qui ouvre des pistes pour un partenariat plus équilibré.

Le troisième échange de la matinée a pris la forme d’une table ronde sur le thème du futur de l’Europe dans un environnement instable et en évolution rapide, avec deux invités liés à l’Académie Notre Europe. Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors, professeure émérite au CNAM et autrice de l’essai Fractures dans l’Occident, était accompagnée de Pascal Lamy, coordinateur du réseau des think tanks Jacques Delors et ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce.

Nicole Gnesotto a analysé la crise du modèle libéral-démocratique en vigueur depuis 1945, exacerbée par la montée de l’extrême droite en Occident et par les menaces externes. Elle a identifié trois menaces principales pour l’Europe : la menace russe, le risque d’abandon stratégique de la part des États-Unis et la « contre-révolution » antidémocratique en cours aux États-Unis, promue par des idéologues proches de Trump. Elle soutient l’idée selon laquelle l’Europe doit dépasser ses trois principes fondamentaux (oublier la guerre, faire du commerce et compter sur les États-Unis) et accepter que ceux-ci soient désormais des adversaires sur certains sujets, afin de défendre la démocratie libérale.

Pascal Lamy a traité le sujet de la recherche d’un équilibre entre les demandes des États-Unis et l’affirmation globale de la Chine, dans un monde structuré par une intensification de leur. Il reconnaît que l’Europe est faible et non préparée pour le monde d’aujourd’hui. Sa fragilité provient de cinq faiblesses structurelles : démographique, économique, technologique, sociale et militaire. Il a souligné qu’une puissance militaire ne peut pas exister sans une puissance économique, en rappelant que le potentiel de croissance européen est aujourd’hui estimé à la moitié de celui des États-Unis.

L’après-midi la promotion était divisée en deux groupes :

La première moitié s’est glissée dans la peau d’un.e eurodéputé.e grâce au jeu de simulation interactif proposé par l’Europa Experience de Paris. Une manière immersive de vivre les pratiques politiques et institutionnelles européennes, et de développer des compétences précieuses comme prendre la parole en public, négocier et travailler en équipe !

La deuxième moitié de la promotion a eu la chance de partager deux moments d’échanges informels pour voir l’UE autrement :

L’Europe à hauteur de BD : Antoine Angé (Kokopello) nous a plongés dans les coulisses de la création de sa bande dessinée ‘La Tour de Babel’ — et, à travers lui, dans les coulisses du fonctionnement de l’UE. Une manière accessible et créative de comprendre la complexité institutionnelle !

Marcher dans les pas d’une diplomate : Grâce à son témoignage, Corinne Brunon Meunier a mis en lumière les jeux d’équilibre de la diplomatie, et a permis aux jeunes intéressés par les relations internationales de se projeter dans leur potentielle future carrière.

Un immense merci l’Europa Experience Paris pour leur accueil ainsi qu’à tous les intervenants et tous les participants pour cette session de haut niveau !